Le bras de levier du changement : ce qui fait vraiment bouger les lignes

Il y a quelque chose que je constate souvent dans les organisations que j’accompagne : un dĂ©sir sincĂšre de changement. Les Ă©quipes veulent Ă©voluer, les dirigeants veulent impulser de nouvelles dynamiques
 Mais quand on regarde de plus prĂšs, malgrĂ© tous ces efforts, les choses avancent peu. Parfois pas du tout.

  • Alors on multiplie les rĂ©unions.
  • On empile les slides.
  • On ajoute des processus, des outils, des “plans de transformation”.

Mais un plan ne suffit pas Ă  faire bouger une Ă©quipe. Ce qui met vraiment en mouvement, c’est un feu. Un feu vivant. Un feu qui mobilise. Et pour allumer ce feu, il faut un bras de levier. Quelque chose qui permet de passer d’un Ă©tat figĂ© Ă  une mise en mouvement sincĂšre.


đŸȘ” Une histoire pour illustrer

Imaginez un jeune dans un village. Il veut faire cuire un plat traditionnel pour sa famille. Il installe une grande marmite, va chercher du bois
 et se retrouve face à deux options :

  • Du bois mouillĂ©, facile Ă  attraper, juste Ă  cĂŽtĂ©.
  • Ou du bois sec, plus loin, au fond de la forĂȘt. Il demande plus d’effort, mais il flambe dĂšs qu’on l’allume.

Il choisit naturellement le bois mouillĂ©, plus accessible. Il en met beaucoup, pensant bien faire. Ça fume, ça grĂ©sille
 mais l’eau ne chauffe pas. Alors il en rajoute. Encore et encore. Un ancien du village passe, observe la scĂšne, et lui dit simplement :

👉 “Tu peux empiler tout le bois du monde
 si tu n’as pas un feu qui prend, ta marmite ne bougera pas.”


Dans les organisations, c’est souvent pareil.

  • On empile les outils, les mĂ©thodes, les rĂ©unions.
  • On reformule les intentions. On rĂ©dige des notes de cadrage.

Mais rien ne prend vraiment, parce qu’il n’y a pas de mise Ă  feu. Pas de levier Ă©motionnel ou symbolique assez puissant pour enclencher un changement rĂ©el. Et ce levier, je le vois sous deux formes principales dans mon travail d’accompagnant. Deux types d’énergie capables de faire basculer une Ă©quipe, un collectif, une organisation.

đŸ”„ 1. Le feu de la souffrance

C’est celui qui Ă©merge quand on a atteint un point de rupture. Quand on se dit : “Je ne peux plus continuer comme ça.” Ce feu est trĂšs puissant, mais souvent silencieux et sous-estimĂ©. Il est masquĂ© par les stratĂ©gies de contournement :

  • On “gĂšre”, on met des pansements, on Ă©vite d’écouter vraiment.
  • On se protĂšge, car regarder la souffrance en face, c’est inconfortable.

Et pourtant, c’est souvent dans ces moments-lĂ  que quelque chose d’essentiel peut naĂźtre. Quand une Ă©quipe accepte de regarder ce qui ne va plus, de mettre des mots sur les tensions, elle crĂ©e les conditions d’un vrai renouveau.


✹ 2. Le feu de l’envie

Celui-lĂ , on l’oublie trop souvent. C’est le feu de la vision, de l’élan, du dĂ©sir d’avancer. Il naĂźt quand quelqu’un ose dire : “J’ai envie de porter ce projet. Qui me suit ?” Ce feu-lĂ  est attractif. Il rayonne. Il donne envie de se mettre en mouvement, de contribuer. Mais il suppose d’oser ĂȘtre soi, d’exprimer un dĂ©sir clair, profond, sincĂšre. Ce qui n’est pas si simple dans des environnements normĂ©s, parfois figĂ©s par les jeux politiques, les peurs ou les injonctions stratĂ©giques.


🔁 Et si on combinait les deux ?

TrĂšs souvent, ce qui fait naĂźtre un vĂ©ritable feu dans une Ă©quipe, c’est la rencontre entre une tension Ă  Ă©couter (la souffrance) et un dĂ©sir Ă  exprimer (l’envie). Quand ces deux Ă©nergies se rencontrent, alors un basculement devient possible. Mais encore faut-il crĂ©er les conditions pour que ces feux puissent apparaĂźtre et ĂȘtre accueillis.


đŸŒ± Du Ressenti au Mouvement : une dynamique pour rallumer le feu

Dans de nombreuses organisations, le ressenti existe. Les tensions sont lĂ . Les envies aussi. Mais rien ne bouge, car ce ressenti reste Ă  l’état brut. Non exprimĂ©. Non reliĂ© au sens. Non partagĂ©. Et un ressenti, mĂȘme sincĂšre, s’il n’est pas traversĂ©, s’éteint. Il devient rĂ©signation, inertie ou conflit latent. C’est pour cela que j’utilise aujourd’hui une approche inspirĂ©e de la dynamique Ressenti – Sens – Mouvement, issue de mon cheminement avec Toscane Accompagnement.

Cette dynamique repose sur trois piliers essentiels :

  1. Ressenti : accueillir ce qui est là, ce qui touche, ce qui dérange ou ce qui appelle.
  2. Sens : Ă©clairer ce ressenti Ă  la lumiĂšre de ce qui est important, juste, porteur pour l’équipe ou le projet.
  3. Mouvement : traduire ce sens en action, en posture, en décision partagée.

đŸ€ Une nouvelle maniĂšre d’accompagner les collectifs

À travers cette approche, je conçois des espaces d’alignement pour les Ă©quipes et les dirigeants. Des espaces oĂč :

  • on part du vivant, pas du prĂ©visible.
  • on Ă©coute ce qui remue plutĂŽt que ce qui rassure.
  • on se connecte profondĂ©ment, Ă  soi et aux autres.
  • on remet du souffle et du sens dans les projets et les relations de travail.

🙏 Et vous ?

  • Est-ce qu’il y a, dans votre Ă©quipe, une tension qui mĂ©rite d’ĂȘtre entendue ?
  • Une envie qui attend d’ĂȘtre assumĂ©e ?
  • Un feu Ă  rallumer pour redonner vie au collectif ?

Parlons-en.

Souvent, il suffit d’un vrai feu pour rĂ©chauffer toute une organisation.